Que devient l'âme après la mort ? Les postulats de départ Un rapport d'analogie entre le corps et l'âme
Les postulats de départ Il existe une âme universelle La vie est un phénomène cyclique Le monde est matière
Il existe une âme universelle Comme toutes les autres écoles philosophiques, le stoïcisme est préoccupé par la recherche du principe qui fonde l'univers. C'est pourquoi, en bon disciple du Portique, Marc Aurèle évoque le " λόγος σπερματικός ", la raison fondatrice qui anime la matière. L'empereur philosophe prend également soin de distinguer la matière ( τὸ ὑλικὸν), promise à la destruction, et la cause formelle (τὸ αἰτιῶδες), par essence impérissable. Ce principe est aussi un feu, dont se rapprochent les âmes en brûlant (ἐξάπτονται) et en se transformant en éléments ignés (πυρῶδες).
La vie est un phénomène cyclique Renouvellement des êtres Pérennité du monde
Renouvellement des êtres Les Anciens avaient une conception cyclique du temps, qu'on nomme aussi l'éternel retour : "Il n'y a évidemment rien d'impossible qu'après notre mort, après bien des périodes de temps écoulées, nous soyons rétablis dans la forme même que nous possédons maintenant." (Chrysippe). Ainsi, les âmes (αἱ ψυχαί) sont reprises (ἀναλαμβανόμεναι) dans le grand Tout pour être ensuite recyclées. Ce faisant, elles laissent de la place (χώραν παρέχουσι) à celles, toujours plus nombreuses, qui les remplacent.
Pérennité du monde La dissolution des êtres se fait dans un but : celui du renouvellent du monde (ἵνα ἀεὶ νεαρὸς ᾖ ὁ κόσμος). C'est la mort et la décomposition de la matière qui permet son renouvellement. C'est ce dont témoigne la citation d'Euripide marquée par les répétitions et les parallélismes : "Καὶ τὰ μὲν ἐκ γαίας φύντ εἰς γαῖαν, τὰ δ ἀπ αἰθερίου βλαστόντα γονῆς εἰς αἰθέριον πάλιν ἦλθε πόλον. "
Le monde est matière La philosophie stoïcienne est par nature matérialiste : "Nul effet, pensait Zénon, ne peut être produit par une nature incorporelle et ni l'agent ni l'agi ne peuvent être autre chose que des corps." (Cicéron) Même l'âme est matérielle.
Un rapport d'analogie entre le corps et l'âme Un destin commun Une réponse à une énigme commune
Un destin commun La communauté des destins du corps et de l'âme s'inscrit dans une relation de comparaison dont les balises sont : Ὥσπερ et οὕτως. Les formules employées sont volontairement émaillées de parallélismes concernant : · les objets. À ψυχαί répond σώματα · le temps. À μετὰ ποσήν... répond ἐπὶ ποσὸν ; · le lieu. À ἐνθάδε répond εἰς τὸν ἀέρα
Une réponse à une énigme commune La question initiale Réponse : le processus de décomposition
La question initiale Εἰ διαμένουσιν αἱ ψυχαί, πῶς αὐτὰς ἐξ ἀιδίου χωρεῖ ὁ ἀήρ ; Cette question semble-t-il naïve est le point de départ du raisonnement de Marc Aurèle. Curieusement, la première réponse qui fuse est une autre question : Πῶς δὲ ἡ γῆ χωρεῖ τὰ τῶν ἐκ τοσούτου αἰῶνος θαπτομένων σώματα ; Cette seconde question, dont la réponse paraît évidente, veut souligner d'emblée le peu de pertinence de l'interrogation initiale.
Réponse : le processus de décomposition Destin explicite du corps Destin implicite de l'âme
Destin explicite du corps · Le corps mis en terre est d'évidence promis à la corruption (μεταβολὴ καὶ διάλυσις). · Les proies dévorées (τῶν ἐσθιομένων ζῴων) subissent en quelque sorte le même sort (θάπτεται évoque l'ensevelissement) Par conséquent, les corps laissent la place (χώραν παρέχουσι) et la terre jamais n'est jamais saturée...
Destin implicite de l'âme Evoquant le sort de l'âme, Marc Aurèle semble évoquer deux états : 1. Une survie après un cycle de dessiccation et de combustion évoqué par les 3 verbes associés "μεταβάλλουσι, χέονται, ἐξάπτονται". Le caractère hypothétique de cette idée est rendue par "ἀποκρίναιτο" et par le terme "ὑποθέσει". 2. Une décomposition totale en particules ultimes qui semble avoir sa faveur : "διάλυσις τῶν ἐν ταῖς ἀτόμοις ἀντεμπλοκῶν".